Complexe scolaire en H résultant essentiellement de trois campagnes de construction menées en 1894-1895, 1905-1906 et 1930-1933, sur les plans des architectes Henri Jacobs (première et troisième campagnes) et Hubert Bernimolin (pour la deuxième). Bâtiments en briques et pierre de style éclectique pour les plus anciens, modernistes et Art Déco pour les autres. Menuiseries encore largement d’origine.
Historique
En 1894, la Commune de Laeken, encore indépendante, ouvre un concours pour la création d’une école primaire à la rue Steyls, dans le cadre de son expansion urbanistique. C’est le jeune architecte Henri Jacobs qui remporte le marché, le premier d’une longue carrière de constructeur d’écoles. L’immeuble, sans étage, perpendiculaire à la rue (axe nord-sud) et commandé par une conciergerie, s’achève en 1896 mais est agrandi au sud, par le même architecte, en 1900-1901, d’un corps perpendiculaire de même hauteur, en retrait du futur alignement des rues Jacobs-Fontaine et Thys-Vanham. Cette extension apporte à l’école une salle des fêtes (en léger décrochement au centre) et quatre classes. Les deux cours se dotent, à cette occasion, d’un préau de part et d’autre de la conciergerie rue Steyls et de deux blocs de sanitaires, l’ensemble doté de colonnettes en fonte.
Rapidement déclarée insuffisante, l’extension est entièrement démolie en 1905 au profit d’un grand corps, de plan semblable mais à deux niveaux, dû à l’architecte Bernimolin et aligné cette fois sur les rues désormais créées. En même temps, le corps de 1894-1895 reçoit un étage, avec récupération des fermes métalliques de sa charpente. Pour le rez-de-chaussée côté cours du nouveau corps à rue, l’architecte reprend l’élévation de Jacobs; il adopte toutefois une autre composition, quoiqu’assortie, pour l’étage et pour les façades contigües du bâtiment surhaussé. Suite à une demande de la direction formulée en 1925, la Ville de Bruxelles, cette fois, commande à Henri Jacobs la construction d’une nouvelle aile à deux étages, à front de la rue Steyls, au détriment de la conciergerie et des préaux. Il semble que l’architecte, revenu sur le site, se soit adjoint son fils Henri Aimé. Les plans, élaborés en 1928-1929, prévoient aussi une nouvelle maison de concierge à l’angle de la rue Thys-Vanham et quelques adaptations au bâti existant, dont une reconfiguration de l’escalier du corps nord-sud. L’adjudication a lieu en août 1930 et le chantier se clôt en 1933. Un corps bas de deux classes (ateliers), assorti aux préaux voisins, est encore construit en 1934, en retour d’équerre à l’est.
Description
Constructions antérieures à 1930-1934
Extérieur: Le bâtiment sud se compose d’un corps central de deux niveaux sous toit en bâtière à pignons débordants et de deux ailes de deux niveaux également, le second de moindre hauteur et sous toit à croupe. Les façades à rue et les pignons sont particulièrement soignés: s’y articulent soubassement mouluré en pierre bleue, élévation en briques blanches et décor architectonique en pierre de France. Le corps central s’ouvre de trois larges arcades en plein cintre à archivolte en arc brisé, liées par leurs impostes; leur partie basse éclaire une salle des fêtes et deux classes, l’autre, très élevée, une salle de gymnastique, l’ensemble divisé par trois meneaux sculptés en console, colonnette ou balustre. Des soupiraux doubles se creusent sous des allèges sculptées de denticules et de besants. L’entablement de la façade est ponctué de modillons de pierre et les pignons à oreille et gradins se couvrent de pierre bleue. Le toit d’ardoises porte une lucarne de maçonnerie à baies géminées et à pignon sous édicule, affichant le millésime «ANNO-1906». De part et d’autre s’assied une petite lucarne de bois à toit en pavillon.
Assorties au corps central, les ailes latérales présentent une même élévation en miroir: deux travées, les extérieures faites de fenêtres et de soupiraux jumelés, les autres logeant une entrée sous entablement, à porte aux jours grillés. Entablement terminal sans modillons.

Côté cours, les façades des ailes et celles du corps nord-sud, sont en briques rouges, rehaussées de pierre bleue. Elles présentent des enfilades très élaborées de percements à linteau métallique sous frise redentée (peintes en noir et blanc), rythmées par des pilastres colossaux larges ou étroits, et par d’autres, étroits, limités au rez-de-chaussée. Tous sont ponctués d’ancres à volutes et les allèges sont percées de conduits d’aération (bouchés).
Les classes du rez-de-chaussée sont éclairées par quatre fenêtres, celles de l’étage par un couple de fenêtres à deux meneaux. S’insèrent dans les enfilades, en tout, six travées superposant porte et fenêtre de couloir. Le corps nord-sud est couvert d’un toit d’ardoises en bâtière à croupe sud, soulignée d’une corniche de bois à modillons.
Le mur de clôture en briques blanches et pierre bleue côté rue Thys-Vanham, démoli dans sa partie droite lors de l’édification de la nouvelle conciergerie, présente aujourd’hui trois travées de tables écornées de pointes de diamant entre pilastres à chapiteau, et un portail surhaussé par Jacobs: porte à encadrement de pierre blanche et arc surbaissé délardé en accolade à extrados en escalier.
Intérieur: Le corps central du bâtiment à rue abrite, en contrebas de la voirie, une salle des fêtes au rez-de-chaussée (où deux classes ont été aménagées en 1917), et une salle de gymnastique à l’étage. L’aile droite loge une entrée et la cage d’escalier, l’aile gauche une seconde entrée flanquée d’un bureau (de directrice à l’origine); un petit escalier de chaque côté descend à la salle des fêtes. À l’arrière et à l’étage des ailes prennent place classes et bureaux.
Les plafonds sont formés de voussettes de briques posant notamment sur d’épaisses poutres métalliques transversales, que soulagent des colonnes en fonte à base et chapiteau au niveau de la salle des fêtes. L’escalier, tournant à droite, est à deux volées droites, munies d’une rampe en fer à barreaux droits, les porteurs sur base carrée moulurée.
L’aile nord-sud est traversée aux deux niveaux par deux corridors-vestiaires, ceux du rez-de-chaussée reliant les deux cours. Du côté ouest (ancienne cour des filles) se superposent deux séries de quatre classes, du côté est (ancienne cour du jardin d’enfants et des garçons) deux séries de trois classes seulement, interrompues par un bloc groupant cage d’escalier, bureaux et l’accès au comble reconfiguré par Jacobs en 1930-1933. L’escalier à jour, depuis lors transversal, est métallique, à barreaux droits bagués et double main-courante, l’inférieure fixée à des aisseliers encore Art nouveau. Les vastes greniers sont coupés de charpentes métalliques de type Polonceau.
Constructions de 1930-1934
En bordure de la rue Steyls, long bâtiment de deux étages en briques et pierre bleue à structure en béton armé. De plan trapézoïdal, il est marqué par un corps légèrement plus élevé dans l’axe de l’aile nord-sud. Ce corps abrite une salle de gymnastique au rez-de-chaussée, débordant sur l’aile gauche avec son vestiaire, une salle de réunion au premier étage, une ancienne salle de musique enfin, au second. Il est desservi par une cage d’escalier arrière et ses couloirs, reliée à l’aile nord-sud. Au sous-sol prend place une ancienne salle de douche accompagnée, sous l’aile gauche, d’une salle de cabines individuelles, en menuiserie.
L’aile latérale gauche, la plus longue, couvre un préau ouvert côté cour, au-delà du vestiaire précité et l’aile droite un autre préau, du moins jusqu’en 1934-1935, époque où on y aménage deux classes longées par un couloir-vestiaire voisinant avec une cour basse servant d’aéra à la salle des douches.
Les étages des ailes logent des classes et des bureaux (ancienne infirmerie, etc.). L’aile gauche distribue ses locaux derrière un couloir de plan trapézoïdal terminé par des sanitaires.
Caractéristique de la production d’Henri Jacobs, l’escalier est assorti à celui recréé par lui dans l’aile nord-sud. Il superpose des volées droites tout en métal ouvragé, à repos intermédiaires et amples consoles, animées de quelques accents Art nouveau.

L’élévation à rue du bâtiment, piquée de bouches d’aération, lie pierre bleue, briques rouges et éléments architectoniques en béton. Le corps principal déploie une grande et quintuple travée, les fenêtres des étages groupées dans un encadrement à ressauts. Les allèges des baies extrêmes du premier étage sont ajourées d’un motif végétal stylisé, celle, commune, des baies centrales du niveau portaient à l’origine le nom de l’établissement. Tous les châssis sont à guillotine. Le toit d’ardoise en bâtière à pignons débordants est bordé à l’avant par une corniche de bois en forte saillie entre amortissements de pierre géométriques, à volutes.
Les ailes comptent respectivement quatre et une travée(s) de baies jumelées. À gauche, les fenêtres du rez-de-chaussée sont doubles, celles correspondant au préau garnies de béton translucide, les autres de guillotines. À droite, triplet à porte centrale, fenêtre garnie de béton translucide à gauche, châssis à guillotine à droite, depuis l’aménagement d’une classe en 1934-1935. Aux étages de l’aile gauche, les fenêtres sont jumelées par quatre au moyen de meneaux; à ceux de l’aile droite, elles sont jumelées par cinq. Soulignée d’une mince corniche de bois, les bâtières sont limitées par trois pignons débordants à oreilles.
À l’arrière, les préaux (celui de l’aile droite jusqu’en 1934-1935) s’ouvrent sur les cours par de grands portiques en béton à angles coupés, aux écoinçons décorés de zigzags jadis tous colorés, et munis d’une verrière dans leur partie haute. Le préau de l’aile gauche est côtoyé par l’extrémité de la salle de gymnastique et son vestiaire: côté cour, le couloir qui les longe est éclairé par une large fenêtre à deux meneaux, qui surplombe une cour anglaise où s’ouvrent les baies du couloir correspondant de la salle des douches. Enfin, les étages des classes présentent des travées de baies doubles liées par un meneau continu. Les allèges sont percées d’aérations, comme partout ailleurs.
Abritant deux classes, l’extension basse sous plateforme de 1934, en retour d’équerre à l’est, inscrit les deux travées de sa façade toute vitrée dans la continuité de celle des préaux voisins.
La nouvelle conciergerie, à étage unique sous bâtière de tuiles, blottit son unique travée contre le no19 de la rue Thys-Vanham. Son élévation avant est assortie, matériaux et style, au grand bâtiment voisin. Le mur-pignon libre est en briques enduites et terminé en gradins. S’y ouvrent quelques baies, certaines superposées dans une arcade